La grande enjambée : cultiver son jardin, public !

Résidence mission à la maison Germaine Tillion, Plouhinec (56), à l’invitation de C.A.M.P. . L’Assemblée des noues (Chloé et Charlène), novembre-décembre 2024.

« Ce qui m’a rendue lucide, c’est l’ethnographie. Elle m’a faite, dès le départ, respectueuse de la culture des autres. Chacune est un jardin clos destiné, paradoxalement, à communiquer avec les autres. Il faut en entrouvrir les portes et y garder, toujours, un coin de mauvaises herbes. » — Germaine Tillion

En novembre/décembre 2024, nous étions invitées par l’équipe de CAMP à réaliser une résidence-mission à la Maison Germaine Tillion, à Plouhinec. Notre présence a eu pour vocation d’ouvrir les portes du jardin aux habitant·es et d’explorer ensemble les abords du lieu.

Lors de cette enquête de voisinage pas comme les autres, nous avons essayé de donner à voir et à comprendre ce qui constitue le patrimoine social, écologique et culturel de ce lieu en devenir et les enjeux qui le traversent. Quelles formes pourrait prendre ce jardin, devenu jardin public, classé Zone Natura 2000 ? Comment faire vivre la mémoire nourricière que Germaine Tillion a semé dans ce lieu, devenu jardin public ?

Il y a des traces d’anciennes cultures, qui s’entremêlent avec ces espaces sauvages : l’emplacement d’un potager, un verger nourricier et les vestiges d’une serre agricole semi-enterrée. Il y a ausssi cet enjeux patrimonial avec la figure de Germaine Tillion, ethnologue féministe qui a habité ce lieu, qui en a cultivé le sol et dont la voix est toujours portées par une association locale et par l’équipe de CAMP.

Pour mener à bien cette exploration, nous sommes allées à la rencontre des voisin·es du hameau et du centre-bourg, des promeneur·euses, agent·es techniques et jardinier·es d’ici ou d’ailleurs. Certain·es nous ont rejoint lors des permanences au jardin pour travailler le sol, défricher la serre et planter de premières vivaces qui nous ont été apportées par les habitant·es. Nous avons également animé des ateliers avec le centre de loisir de Plouhinec, l’Ehpad de Riantec et les Beaux Arts de Lorient. Nous avons goûté, dessiné, planté et raconté des histoires autour des plantes comestibles présentes sur place, et de la petite faune qui la s’en nourrit et y habite. Ces temps collectifs ont été prétexte à faire connaître la Maison, son parc et ses histoires, afin qu’elle soit petit à petit identifiée comme lieu d’accueil, d’hospitalité, de promenade et de cultures. Entre le journal de bord et la feuille de chou, une édition a été réalisée pour donner à voir toutes ces étapes de recherches.